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Page:Leconte de Lisle - Premières Poésies et Lettres intimes, 1902.djvu/63

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premières poésies

émotion bien vraie j’éprouvai avant-hier, en revenant à Rennes. Je comptais vous y retrouver ; ma joie n’était-elle pas bien naturelle ?

Pourquoi donc ce départ précipité, et surtout au moment de ne plus me revoir, pourquoi ne pas laisser ici un seul mot qui m’eût au moins consolé ? Oh ! vous avez merveilleusement agi ! C’est beau ! Que de fermeté ! Mais, dites-le-moi donc, qu’était devenue alors l’amitié dont vous m’honoriez ? Était-ce bien là susceptibilité, ou simple lassitude d’un sentiment que vous jugiez trop mal partagé ? Ne sentiez-vous donc pas que nous étions faits l’un pour l’autre, que nos âmes se comprenaient trop bien pour mettre une rupture entre elles ? Oh ! vous le sentiez bien !… Et pourtant, pour une cause aussi mince, pour un retard de quelques jours, vous êtes sérieusement fâché !

Rouffet, mon Ami, oh ! qu’il n’existe donc plus de ces choses entre nous ! Si j’ai tous les torts que tu me rejettes, eh ! bien, je les accepte. Écris-moi : que ce soit des reproches ou des