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Page:Leconte de Lisle - Premières Poésies et Lettres intimes, 1902.djvu/78

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et lettres intimes

que vous rêviez. Je le veux bien ; mais ne m’avez-vous pas dit : « Les choses de l’âme ne se trafiquent pas aux marchés d’ici-bas ? » Or elle rentre dans la généralité sociale.

Espérez, pourtant, mon Poète, espérez ! Car, quelle âme résisterait au charme de votre douce pensée ? J’ai des preuves que cela est impossible.

J’ai montré à ces dames vos vers et votre lettre ; elles vous ont donné des éloges que vous méritez bien. Votre pensée a tant d’intimité et de naturel, votre expression est tellement choisie et harmonieuse, votre rythme est si bien approprié à la nature de vos poésies, qu’il serait difficile, réunissant comme vous le faites la justesse de l’idée à la grâce de la forme, de ne pas vous lire avec le plus vif intérêt. Ceci soit dit entre nous, et bien sincèrement.

Vous ne concevez pas, dites-vous, les joies et les douleurs de mon amour idéal ?… Elles sont pourtant faciles à comprendre, malgré la mysticité dont elles ne peuvent se séparer. Cet