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Page:Leconte de Lisle - Premières Poésies et Lettres intimes, 1902.djvu/97

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premières poésies


XIV


Rennes, janvier 1839.

J’avais, en effet, lu, mon cher Ami, dans un chaleureux article de Félix Pyat, le récit de la triste mort d’Hégésippe Moreau. Le pauvre jeune homme était un noble poète, et les vers touchants que vous consacrez à sa mémoire sont une nouvelle preuve de votre talent si tendre et si intime. Je les ai lus avec un vif sentiment de peine et de plaisir ensemble ; de peine, parce qu’ils racontent une jeune et douloureuse infortune ; de plaisir, parce que la voix qui la chante est la vôtre et que je vous aime de cœur.

C’est un bien triste exemple de l’égoïsme de notre siècle ; de ce siècle où tout ce qui est beau, tout ce qui est noble et grand ne trouve que mépris et dégoûts ; de ce siècle où le par-