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Page:Legouvé - Le Mérite des femmes, 1838.djvu/53

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D’une épouse ingénue étonnant la pudeur,
Il entend s’échapper d’un modeste silence
Ce premier cri d’amour surpris à l’innocence ;
Tout renouvelle ensemble et son âme et ses sens.
De jour en jour livrée à ses feux renaissants,
Si des transports fougueux que le bel âge inspire
Elle ne lui fait pas retrouver tout l’empire,
Elle donne sans cesse à son cœur satisfait
Un penchant plus durable, un bonheur plus parfait ;
Elle fixe chez lui la douce confiance,
La tendresse et la paix, vrais biens de l’existence,
Tempère ses chagrins, ajoute à ses plaisirs,
Soulage ses travaux et remplit ses loisirs.
Oui, des plus durs exploits où l’homme se prodigue
Elle sait à ses yeux adoucir la fatigue :
Artisan, souffre-t-il, par le travail lassé,
Il revoit sa compagne, et sa peine a cessé.
Ministre, languit-il dans son pouvoir suprême,
Au sein de son épouse il vient se fuir lui-même.
Il y vient oublier l’ennui, le noir soupçon,
Qui mêlent aux grandeurs leur dévorant poison,
Et, distrait de l’orgueil par l’amour qui l’appelle,
Du poids de ses honneurs il respire auprès d’elle.
Elle est dans tous les temps son soutien le plus doux.

Un fils lui doit le jour ! O trop heureux époux !