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Page:Lemonnier - Adam et Ève, 1899.pdf/375

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appris la sagesse et la force. Tout le mal vient de n’être l’un pour l’autre que des apparences et nous avions été nus devant l’aube.

Comme l’homme antique, j’avais aimé le bois d’abord parce qu’il me donnait|l’ombrage et les fruits. Ensuite les oiseaux et les feuillages m’avaient révélé les secrets merveilleux ; nous avions perçu le sens de la vie, et Ève et moi ainsi retrouvâmes la vraie conscience. Chaque fois que j’étais dans le doute ou la peine d’une chose, j’allais devant moi selon la parole du vieillard et je me tournais vers les arbres. La maison était belle d’innocence et de pampres, avec des portiques fleuris sous la courbe de l’arc-en-ciel. D’incessantes fêtes nous étaient offertes par le silence, la germination et le retour harmonieux des heures. Nos rites célébraient les bienfaits du pain, du lait, du miel et des fruits. L’œuf, le nid, la ruche étaient pour nous comme les symboles du monde. Nous ne cessions pas d’être d’humbles serviteurs de la terre, agenouillés devant le miracle de la vie et sans orgueil.

Le probe laboureur connaît les richesses