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Page:Lemonnier - Adam et Ève, 1899.pdf/42

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arôme de thym et de résine fumait. L’égouttis des arbres filait un son de cristal par dessus les humus grésillants. Cependant un reste de sommeil traîna un peu de temps, attardant la vie ; et moi non plus je n’étais qu’à demi éveillé comme après une ivresse de vin ou un songe. Dites, mes mains, que s’est-il passé ? Mes mains innocentes et mouillées de senteurs fraîches, êtes-vous les mêmes mains tentées qui poussèrent la porte et tremblèrent dans l’ombre ? J’étais humble avec la peur de ma pauvre bonne volonté défaillante. Voilà ! chaque nuit à présent il me faudra retourner au bois comme un homme qui traîne en laisse une bête sauvage ! Et que dirai-je à la jeune fille si elle me voit rentrer avec des habits trempés et me demande en riant : « Est-ce le loup ou le renard qui de si grand matin vous fit quitter le logis ? » C’était le loup, Janille, c’était le loup qui toute la nuit a aboyé devant la maison.

Là-bas, un visage inquiet du seuil me regarda venir dans la vapeur matinale. « J’ai