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Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/165

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l’hallali


XIV


À la mi-mars, Jean-Norbert, ayant passé ses houseaux, partit pour la foire aux chevaux, dans un gros bourg à quatre lieues de pays. Moyennant quelques pièces d’or, il acquit un vieux grison, courtaud et cornard, mais droit encore sur ses boulets. Tout de suite on l’attela au tombereau et à la tinette ; il dut charrier les résidus du purot jusqu’aux parcelles espacées que, dans la mort de l’ancien domaine, ils avaient gardées. Le blé, l’avoine, les féveroles, la pomme de terre, le navet, les choux y alternaient. D’un cœur âpre, en songeant au gain et au pain, le paysan s’était repris à son dur labeur. Jumasse, refait, les reins détendus par l’accalmie de la saison, l’aidait loyalement de ses offices. Dans les jours plus longs, tous deux travaillaient jusqu’à la nuit, hersant, labourant, ensemençant, plantant, et parfois s’interrompant pour regarder passer là-bas, à l’horizon de la lande, la haute taille du