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Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/227

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l’hallali

— Comme vous voudrez ; moi je ne demande pas mieux.

— Eh bien ! dit-elle, cela me va. Je ne serai pas fâchée de voir comment vous vous êtes arrangé là dedans. Mais n’allez-vous pas rougir de nous avec la toilette que nous avons ?

— Vous serez partout des Quevauquant, mademoiselle.

— Voilà qui est bien dit, fit-elle en rendant la bride.

La chaussée se déroula, vieille et délabrée, avec ses ressacs de pavés, parmi une contrée de bruyères, de conifères et de marais. Çà et là, des chaumines, des torchis d’argile aux toits de glui moussus, une ancienne misère de pauvres gens, comme délaissée dans la vaste noue.

— Tout ça, disait le gros homme d’un coup de menton circulaire, sera à moi avant dix ans. Et alors, à la place de ces huttes sauvages, il y aura là des petites fermes fraîches, proprettes. Vous savez, moi, mame la baronne, j’suis pour la propreté, l’aisance, ça me prend à l’estomac de voir la pauvreté des petites gens autour de moi. J’voudrais que tout le monde ait à boire et à manger, avec un bon toit sur la tête. On ne se refait pas. Et alors comme ça, j’ai déjà de par ici, tout ce que vous voyez là-bas, oui, jusqu’à la ligne de bois.