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Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/226

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Barbe, sur la banquette, n’était plus qu’une loque informe qui gémissait, hurlait, suppliait.

— Mâtin de mâtin ! cria Lechat, c’est que vous y allez ! Quelle poigne, une vraie dresseuse !

Elle haussa les épaules.

Les jarrets fauchés, tremblants, soufflant de peur et de défaite, les deux cobs écumaient sous le harnais.

— M’sieu Lechat ! M’sieu Lechat ! implorait la bonne dame, ne la laissez pas continuer. Si Dieu n’avait pas écouté mes prières, y a beau temps que nous aurions fait la culbute.

— Soyez tranquille, ma mère, les voilà doux comme des moutons. Et maintenant, monsieur Lechat, ajouta Sybille, dites, où faut-il que je vous mène ?

— Là ! fit-il, en pointant l’index vers un point de la plaine où un grand toit d’ardoises émergeait d’un petit bois.

Elle ferma à demi les yeux et d’entre le plissement des paupières reconnut Mon Plaisir, cette ancienne ferme du domaine dont le petit homme avait fait sa maison de plaisance.

— Ah ! dit-elle, c’est donc que nous allons chez nous ?

Cette fois, Lechat se mordit les lèvres, mais ayant son plan, décidé à s’y conformer jusqu’au bout, il dit galamment :