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Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/42

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l’hallali

Plus oultre Queuauquant, mais vers l’honneur, le juste et le bien !

— Que me chantes-tu là, diseur de paternotres ? fit le baron en se passant la main sur les yeux.

— La vérité, baron ! Vous êtes la souche, vous êtes l’arbre de la race accroché à ces vieilles pierres, planté au cœur de ce sol ! Du pied vous est sorti un surgeon, le digne et brave fils que, dans votre orgueil, vous méconnaissez, j’ai bien le droit de vous le dire, moi qui ai appris à lire au fond de son tranquille courage résigné. Celui-là a poussé à vos côtés, sauvage comme la terre, et à son tour, il a provigné : c’est lui qui plus tard aura la garde et le soin de la maison. Pour être paysan, on n’en est pas moins gentilhomme. Mais, en attendant, c’est vous, baron, qui dans vos larges rameaux continuez à porter les couvées d’hier ; et on n’a jamais vu le pélican s’arracher les plumes pour les disperser au vent. Quand, dans les nids nouveaux, les petits se mettront à pépier, vous comprendrez mieux cette loi de nature.

Une émotion passa sur le visage de l’ancêtre, comme une rosée de soleil sur les ors et les sinoples d’un antique cordoue.

— Cordieu, ratichon, as-tu fini de me faire pleurer ?