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Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/96

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l’hallali

et du quinzième à gauche que le plancher pliait d’un soudain gémissement. Une, deux, cinq, quinze et pendant des heures, quelquefois jusqu’au petit jour, le paysan ne cessait de compter, attendant toujours la plainte du bois, qui revenait à temps égaux et le cœur arrêté tant qu’il ne l’avait pas entendue.

À quoi songeait le vieux Quevauquant, là-haut ? Quelles hantises fantasques le harcelaient sous son masque tanné comme une peau de tambour ? Personne jamais ne l’avait su. Il semblait le remords vivant des ancêtres ; le pas de tous ceux qui peut-être avant lui avaient marché dans les ténèbres de la maison revenait à travers le sien, et celui-ci, à force d’aller droit par la même trajectoire, avait fini par creuser le bois comme sous les foulées d’une bête derrière les barreaux, à la longue se cave la dalle d’une cage.

Michel, entre la veille et le sommeil, s’agita sur son oreiller, remué de phantasmes lourds et confus. Cette fois un homme entrait, et avec des allumettes, allant de l’un à l’autre, mettait le feu aux lits. Il aurait voulu crier et il ne pouvait ; son père, sa mère, Sybille brûlaient sans s’être réveillés. Nettement, il reconnaissait le bruit sourd, profond, continu du feu dans les bois tel qu’il l’avait entendu le soir de l’incendie. À la fin,