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Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/109

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M. le baron Vanput dont la voiture était à la porte et qui lui apportait des fruits. C’est ce que leur dit la servante, en les laissant dans un cabinet où il y avait trois chaises, un portrait du pape et un petit crucifix de cuivre piqué d’une branche de buis bénit.

Au bout de cinq minutes, on entendit une grosse voix gaie, des craquements de souliers lourds et de grands éclats de rire qui descendaient l’escalier, mêlés à une petite voix fluette, de petits rires étouffés et des claquements de talons pointus.

— Merci mille fois de vos fruits, monsieur le baron, disait la grosse voix.

— Permettez-moi de vous recommander les pêches, monsieur le curé, disait la voix fluette.

— Je n’y manquerai pas, monsieur le baron. Mes respects à madame la baronne.

M. le curé, qui était un gros homme aux joues luisantes, avec des yeux à fleur de tête, entra, une main passée à demi dans sa ceinture, et tenant dans l’autre sa tabatière.

Aux premiers mots que lui dit Lamy, M. le curé s’écria :

— Je sais… Je sais… On est venu ce matin. À quelle classe enterre-t-on ?

— Il faut voir, monsieur le curé. Quels sont les prix ?

— Ça dépend. Est-ce qu’il y a des héritiers ?

— Monsieur le curé, il y a un fils, mais c’est nous qui payons et nous sommes de pauvres gens.

— Faites une quatrième classe. Qu’est-ce que cette madame Bril ?

— Madame Bril était très pieuse. Nous voudrions simplement qu’on dise une prière sur son cercueil avant qu’elle soit mise en terre.

— Ah ! ah ! cela change la question. A-t-elle été confessée ?