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Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/110

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— Elle est morte tout d’un coup, la pauvre femme. Personne n’aurait pu penser qu’elle était si près de sa mort.

M. le curé se mit à marcher dans le cabinet, très agité, en frappant avec deux doigts sur le couvercle de sa tabatière.

— Je vous crois, dit-il. Écrivez-moi le nom. J’enverrai un de mes vicaires.

Ils s’en allèrent.

— Voici l’hôtel de ville, dit M. Lamy. Nous allons entrer.

M. Lamy fit la déclaration de décès ; puis ils sortirent, heurtant des gens qui venaient pour des naissances, la mine épanouie et le chapeau sur le côté.

Et M. Lamy pensait en lui-même :

— Quelle drôle de chose que la vie ! Il y a toujours quelqu’un qui s’en va et quelqu’un qui arrive. Quand c’est une naissance, on se met en clair et quand c’est une mort, on se met en noir.

Ils firent quelques pas dans la rue. Et M. Lamy dit :

— Maintenant, c’est fini, monsieur Muller. Je m’en vais à l’atelier dire que je ne reviendrai faire que deux quarts, et puis j’irai chez le menuisier pour le cercueil. Est-ce que vous n’irez pas retrouver Jean ?

— Oui, dit M. Muller. J’y vais de ce pas.


VI


M. Lamy rentra vers onze heures, et presque en même temps arriva le menuisier pour la mesure du cercueil.

M. Muller était assis dans un coin, derrière une ar-