Aller au contenu

Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lamy ayant fait crier sa chaise sur le plancher en se reculant un peu parce qu’elle avait trop chaud, Jean s’éveilla et dit en regardant autour de lui :

— Où est maman ? Ma petite maman ? Ma maman ?

C’était la première fois qu’il l’évoquait, éveillé, et il semblait la chercher autour de lui, comme s’il eût été sûr qu’elle était dans la chambre.

M. Muller se leva très vite et devint tout à coup blanc comme une hostie.

— Qu’est-ce qu’il va arriver maintenant ? dit madame Lamy à son mari.

— Oui, qu’est-ce qu’il va arriver ? répondit M. Lamy, inquiet aussi.

— Maman ! répéta Jean un peu plus haut.

M. Muller alla à lui et lui prit la main.

— Oui, Jean, dit-il, ta maman va venir. Certainement elle viendra quand tu seras guéri. Elle est un peu malade aussi, tu sais bien, ta maman, mais elle est bien où elle est, sois tranquille.

En disant cela, la voix de M. Muller tremblait, et il n’osait presque pas regarder Jean.

— Est-ce que maman est malade ? fit Jean.

Il se tut, passa la main sur son front et eut l’air de chercher quelque chose en lui-même :

— Oh ! oui, je sais, dit-il, c’est vrai, maman est malade, au lit. M. et madame Lamy sont là, près d’elle. Et moi aussi. Et tout à coup maman a toussé. Est-ce qu’elle a toussé ? Il fait noir et il y a une grosse mouche dans la chambre… une grosse mouche dans la chambre… une grosse mouche dans la chambre…

Il répéta cela trois ou quatre fois, lentement, comme si la mouche éveillait en lui d’autres souvenirs ; puis il reprit :