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Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/138

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— Qu’est-ce qu’il est arrivé ? alors il y a une grande caisse sur deux chaises… Et maman, où est maman ?… Je ne la vois plus… Ah ! mon Dieu ! qu’est-ce qu’il y a donc que je ne sais plus…

Tout à coup, il se leva sur ses poignets et cria :

— Ah ! ma chère maman ! Elle est morte !

— Jésus ! mon Dieu ! fit madame Lamy en croisant les mains.

— Ça devait arriver une fois ou l’autre, dit M. Lamy.

Et M. Muller pleurait dans son foulard en disant :

— Jean, elle est seulement heureuse à présent, car elle ne souffre plus. Tu sais bien qu’elle souffrait, n’est-ce pas ? Maintenant la souffrance a fini pour elle.

Mais Jean ne l’écoutait pas : les larmes lui sortaient des yeux et coulaient sur ses draps, autour de lui, comme une fontaine. Il se souvenait de tout, du cercueil, de l’église et du cimetière, et il pleurait sans faire de bruit, doucement.

Et quand il eut beaucoup pleuré, il s’endormit d’un bon sommeil. Alors M. Muller devint très gai, et dit avec une figure riante :

— Voilà le danger passé, Lamy ; Jean sera sur pied dans quinze jours.

— Monsieur Muller a raison, fit madame Lamy. Le docteur m’a dit en propres termes : « Quand le garçon pleurera, il sera sauvé. » Je m’en souviens très bien.

Jean causa un peu ce jour-là : il poussait par moment de petits soupirs, puis il pleurait ; et quand il cessait de pleurer, il prenait la main de M. Muller ou de M. Lamy ou de madame Lamy, et il disait :

— Je suis si heureux auprès de vous ! On dirait que | c’est comme au temps de maman.

Et toute la journée se passa dans la joie. Il n’y eut personne qui ne se sentit du bien à l’âme quand ma-