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Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/139

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dame Lamy, ayant fait roussir le poulet dans le poêlon et l’ayant ensuite disposé sur une assiette, les cuisses et les ailes à part et le blanc de la poitrine au milieu, Jean se mit à sucer les cuisses, l’une après l’autre, en les trempant dans la sauce au beurre.

Il buvait de petits coups au verre de vin et disait :

— Ah ! que c’est bon, madame Lamy !

Chacun pensait alors :

— Oui, ce doit être bien bon ! C’est comme si j’en mangeais moi-même.


XII


Quand huit heures sonnèrent à l’église, les Lamy se levèrent et M. Muller, qui avait son idée, leur dit :

— Je vous ferai un bout de conduite.

Il y avait beaucoup de monde dans les rues et tout ce monde courait très vite, gaîment, dans la neige qui tombait à gros flocons, étoilant les dos et les parapluies.

Devant les vitrines des pâtissiers, les petits garçons, les mains dans les poches, et les petites filles, leurs coqueluchons tirés jusqu’aux yeux, frappaient leurs sabots contre terre pour réchauffer leurs pieds en reluquant les boîtes à couvercles dorés, les cornets à rubans roses et les petits hommes de carton qui font aller leur tête, fixés sur des socles peints en vert où il y a un tiroir avec des bonbons. Et ils regardaient aussi les belles assiettes de cristal qui reluisent au gaz, chargées de pralines, de fondants et de sucreries peintes en jaune, rouge, vert et bleu, les grands bonshommes en pain d’amandes, dans leurs culottes courtes, leurs bas de soie en sucre blanc, leurs habits à basques, si jolis,