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Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/194

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vous apportons un petit cadeau de Sainte-Catherine, avec l’espoir que nous recommencerons l’année prochaine et l’année d’après et toutes les années que le bon Dieu nous donnera.

Et il met sur la table, devant la bonne femme qui rougit de plaisir et frappe ses mains l’une dans l’autre, une cafetière et deux jattes, en belle porcelaine à fleurs, avec : Vive sainte Catherine ! en grandes lettres.

— Merci, les garçons, dit-elle. Mettez-vous à table. Puis elle appelle :

— Martine ! Martine !

Alors la servante arrive, dans sa toilette des grands jours, toute rouge, les joues vernies de savonnée, et elle donne un beau bonnet ruché à la meunière en lui disant :

— À mon tour, meunière. Je suis votre servante depuis quinze ans et je n’ai jamais manqué votre Sainte-Catherine. Bonne Sainte-Catherine ! Et je vas vous embrasser.

Et tout le monde crie :

— Vive sainte Catherine !

La vieille Martine jette un coup d’œil triomphant sur le farinier, car il y a entre eux une certaine rivalité, à cause de leurs années de service dans le moulin, et Martine en a quinze, tandis que Paquot n’en a que douze.

— À table, les enfants, crie encore une fois le meunier.

Et il dit à sa bonne femme :

— Notre voisine ne fête pas la Sainte-Catherine : il n’est pas juste que nous la fêtions sans elle. Donat, si le cœur t’en dit, va chercher la meunière et amène aussi Monique.