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Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/195

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— C’est bien dit, fait Martine, elles sont seules au moulin. Le meunier est allé riboter la Sainte-Catherine au cabaret.

Donat est parti sans prendre le temps de décrocher sa casquette et il court jusqu’au moulin, à grandes enjambées, dans la neige qui s’est remise à tomber et tombe doucement, comme de la nuit blanche.

Des lumières clignotent dans le lointain, et lorsque s’ouvrent les portes, on entend des chansons. Mais il n’y a qu’une faible lumière à la fenêtre du moulin, et les grands murs trouent le soir pâle d’une masse noire que n’égaie aucun bruit.

Il frappe à la porte.

Monique et sa mère sont assises près du feu et toutes deux reprisent du vieux linge qu’elles tirent d’un grand panier d’osier. Quand elles auront rapiécé et recousu tout le linge qui est dans le panier, elles auront bien gagné leur jour de Sainte-Catherine.

Mais Donat pousse d’un coup de pied le panier sous la table.

— En route, mâme Flamart !

Elles s’entourent la tête d’une capeline, en se réjouissant de passer une bonne soirée chez leurs voisins. La vieille servante gardera la maison jusqu’à leur retour et Monique promet de lui rapporter une galette.

Dieu ! que Donat est joyeux ! Il prend la meunière sous un bras et Monique sous l’autre, mais il serre plus tendrement celui de Monique, et il veut les faire sauter sur le chemin.