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— Oui, dit Claes Nikker, un bon lit neuf en noyer.

— Ah ! ah ! fit le vieux petit Snip, c’est là ce que demande Claes Nikker ?

Truitje se tenait près du feu, les yeux baissés, regardant la pointe de ses bottines, et en même temps elle plissait entre ses doigts l’ourlet de son petit tablier de soie. Piet, de son côté, fendait du bois avec le couperet dans un coin, et il frappait de si grands coups qu’on avait peine à s’entendre.

— Je pense, Anna, dit au bout d’un certain temps Lukas Snip, que Nikker demande beaucoup, mais si vous croyez qu’il faut lui accorder ce qu’il demande, je n’ai rien à dire.

Il y eut un long silence pendant lequel Anna Snip frappa plusieurs fois ses genoux du plat de sa main et hocha la tête d’une épaule à l’autre. Enfin elle s’écria en levant les mains :

— Qu’il en soit fait comme vous le voulez, Claes Nikker.

Et elle appela son fils Piet.


VIII


— Piet, lui dit-elle, nous avons tout arrangé. Vous apporterez en mariage à Truitje une vache, le pré qui est derrière l’école, trois paires de draps de lit, trois couvertures et un bon lit neuf en noyer.

— Maître !

Et Piet prit en pleurant la main de Nikker dans les siennes. Mais le vieux dur-à-cuire ne se laissa pas attendrir et dit :