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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/169

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l’élévation de Bonaparte à la première dignité de l’État, ne manquait pas une occasion de manifester son irritation jalouse. Fort de ces deux appuis, le Comte d’Artois, ou son fils, le duc de Berry, viendrait clandestinement en France ; un asile sûr et confortable serait aménagé pour le Prince aux abords de la capitale. Tout étant ainsi concerté, Georges, à la tête de ses hommes costumés en hussards ou dragons, attaquerait le Consul sur la route de Saint-Cloud ou sur celle de la Malmaison, résidences auxquelles Bonaparte se rendait fréquemment et, la plupart du temps, tard dans la nuit ; son escorte, composée de quelques guides et de quelques mameluks, surprise par un nombre égal d’assaillants, serait facilement dispersée : le Consul, bâillonné, lié de cordes, jeté dans une voiture qui, enlevée à fond de course par de rapides chevaux et au moyen de nombreux relais, atteindrait la mer en douze heures ; un bateau stationnant sur la côte recevrait le captif qui serait transporté à Jersey avant même que la police de Paris, — dont Fouché, par chance, n’était plus le ministre, — fût revenue de sa stupeur. Immédiatement, Pichegru et Moreau, tous les deux peut-être, s’empareraient du pouvoir, maintiendraient l’ordre, soutenus par les armées de Bernadotte, de Macdonald, de Brune, de tous ceux que l’ambition ou l’envie ralliaient d’avance au projet. Le Prince alors apparaîtrait, les généraux lui offri-