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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/170

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raient la couronne qu’il accepterait au nom de Louis XVIII, et la Révolution serait enfin terminée.

Un tel plan nous paraît aujourd’hui irréalisable, pour tout dire, puéril. Nous sommes éblouis par la merveilleuse histoire de celui qui, bientôt sacré par le Saint-Père de Rome, domptera l’Europe rechignante, lui imposera pour rois tous ses proches et acquerra tant de gloire qu’il restera vraisemblablement unique dans les annales de l’humanité. Mais les Français de 1803 ignorent cet avenir qui, pour nous, est un passé déjà légendaire ; las de tant d’expériences avortées, ils ne voient, en ce jeune homme extraordinaire qu’un phénomène d’audace et de chance, un éphémère et brillant météore dans le ciel orageux de la Révolution. Si le peuple cède à son prestige, les gens réfléchis sont plus inquiets que rassurés de son ascension vertigineuse. Une nuée de satellites gravitent autour de lui, attirés par son insolente fortune ; mais avec elle cesseront leur foi et leur dévouement. Beaucoup éprouvent seulement pour lui cette sympathie conditionnelle qui anime les foules au spectacle d’un acrobate exécutant des tours périlleux : Tombera-t-il ? — Ira-t-il jusqu’au bout ? Et l’on comprend que le projet de Georges, pour nous extravagant, n’ait point paru tel aux princes exilés et aux ministres du roi d’Angleterre. Prédisposés à la partialité, ils s’exagéraient les côtés