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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/50

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mort de son neveu, le fils de Louis XVI, était trop peu ingambe et trop sédentaire pour se travestir en général d’armée ; mais son frère, le comte d’Artois, résidant en Angleterre, beau cavalier, prince affable, l’ex-Galaor de Versailles, n’aurait qu’à se montrer pour rallier tous les cœurs français. Tel avait été le rêve de Charette, tel était celui de Georges Cadoudal, qui, avant même de capituler, s’était permis de conjurer Son Altesse Royale de passer en France pour y prendre le commandement de tous les insurgés de l’Ouest. La réponse du prince à « son cher Georges » avait été aussi flatteuse qu’évasive ; non point qu’il reculât devant le danger ; mais trop de difficultés l’obligeaient à maîtriser son impatience. D’ailleurs l’ordre du Roi était de « ménager le sang de ses sujets » et de substituer aux coups de fusil l’action parlementaire.

L’opinion publique se déclarait, en effet, presque unanimement hostile à la révolution et les électeurs envoyaient chaque année aux deux Chambres des députés royalistes ou, du moins, extrêmement modérés. Louis XVIII conseillait donc de « travailler les élections » ; Georges appréciait peu cette tactique ; il ne s’illusionnait guère sur les vertus du régime parlementaire : « Que peuvent de beaux parleurs sans convictions, des avocats qui brouilleraient Dieu avec les anges ? » disait-il. Néanmoins, docile, il obéit et, à la veille des scrutins de l’an V, on le