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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/60

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indice qu’il entrevoit prochaine l’heure où il pourra conduire à l’autel la sœur de son ami ? Mais combien est court ce dernier rêve de calme bonheur ! De Pouancé, Mercier le tient au courant de la marche des conférences : les chefs royalistes se prononcent en général pour la paix : ils se bercent d’illusions sur Bonaparte et imaginent que le héros d’Arcole et de Rivoli va remettre le pouvoir au roi légitime. À quoi bon, dès lors, combattre pour un résultat qu’on va pacifiquement obtenir ? Or Bonaparte ne veut rien promettre, et Mercier, flairant une trahison, appelle son frère d’armes à l’aide : « Arrive, mon cher Georges, arrive au plus vite, et que Dieu nous soit propice ! »

Georges quitte Lucrèce, accourt à Pouancé : déjà chacun a pris position. En vain atteste-t-il que jamais les royalistes n’ont eu la partie plus belle ; ils disposent en abondance d’armes et de munitions. Il ne répugne pas à traiter avec Bonaparte, mais d’égal à égal et non en vaincu. N’est-ce pas un leurre de s’engager sans garantie sur la simple parole d’un homme qu’un autre ambitieux peut renverser du jour au lendemain ? Ce sage appel à la prudence reste sans écho. Georges a l’impression que ses anciens compagnons d’armes cherchent à l’isoler, que, de Paris, Bonaparte dirige cette conférence entre royalistes, et le perspicace Breton entrevoit que l’ère commence où toutes les têtes devront se courber.