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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/61

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Or la sienne se courbera seulement le jour où on la détachera de ses épaules.

Au vrai, l’homme extraordinaire qui tient la France dans sa main semble déjà être présent partout : il se joue de ces royalistes, si imbus de nobles préjugés, si chevaleresques, si rétrogrades ; il les flatte, il les menace, il les brutalise, il les cajole, il les bouscule. Il proteste de sa clémence ; mais il en excepte ceux qu’il sent indomptables ; il les désigne à mots couverts : « des traîtres, vendus à l’Anglais ou des brigands qui ne cherchent dans les discordes civiles que l’aliment et l’impunité de leur forfaits. » Georges se voit improuvé par tous ses pairs, sauf par Bourmont, qui commande le Maine et hésite encore, et par Frotté, le Normand indéfectible.

Le 28 décembre, il quitte Pouancé où il n’y a plus rien à faire et revient en Morbihan ; ses paysans croient à la guerre ; ils s’en réjouissent ; mais la trêve impose l’obligation de ne rien tenter avant le 15 janvier 1800. Bonaparte, lui, ne la respecte pas : il précipite les événements, les devance, les pétrit au gré de son impatiente volonté : dès le 4 janvier, il adresse une proclamation à l’armée de l’Ouest, l’excitant contre « les brigands, les stipendiés de l’Angleterre », lui recommandant d’être « inexorable ». L’honnête Hédouville tente de le modérer, l’exhorte à ménager « ces hommes que l’Histoire grandira » ; et, de sa propre autorité, dans l’espoir d’un arran-