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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/151

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avec cette petite robe blanche que j’ai déjà mise deux fois, et que tout le monde me connaît. Ce serait tout à fait ridicule, et il faut toute la sécheresse de cœur de mon père à mon égard pour n’en pas convenir. Dans ce triste embarras, j’ai pensé, ma chère cousine, à ces robes de soirées dont vous m’avez parlé et que vous ne portez plus ; et, si vous vouliez bien être assez bonne pour en faire venir une et me permettre de l’arranger à ma taille, pour cette soirée seulement, je vous en garderais une reconnaissance éternelle.

« Prêtez-moi celle dont vous ne voudrez pas pour vous-même car je pense bien que vous vous préparez de votre côté et que vous complotez d’éclipser tout le monde, ce qui vous sera facile.

« Pardonnez-moi ma hardiesse et mon importunité ; mais vous connaissez trop bien les exigences du monde pour ne pas me comprendre et m’excuser. J’attends avec anxiété votre réponse et suis pour la vie,

« Votre affectionnée,
« Agathe Darbault. »

« Voilà qui s’appelle une folle, dit Lucien.

— Pauvre Agathe ! dit la jeune fille ; ce n’est pas tout à fait sa faute. Son éducation, nos usages, tout la pousse à être ainsi. Au fond, sa demande est plus logique et plus sérieuse qu’elle n’en a l’air. Vous autres, vous raillez toujours les femmes, et c’est mal, parce que c’est injuste. Le mariage n’est-il pas leur seul avenir ? Eh bien, forcément, par cela même il est devenu leur ambition. Elles n’ont que deux