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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/152

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moyens d’atteindre à cet avenir, sans lequel toute vie morale, aussi bien que toute vie sociale, leur échappe : avoir une grosse dot, ou charmer un homme bien posé. C’est à ce dernier parti qu’Agathe est réduite.

— Eh bien, si elle n’a que celui-là… répliqua Lucien en hochant la tête.

— Elle n’en est que plus malheureuse. Qui te dit qu’elle n’accepterait pas avec joie un emploi sérieux de ses facultés ? Mais, dépourvue d’aptitudes musicales aussi bien que de beauté, quand elle n’a d’autre occupation que son piano et sa toilette, et d’autre espoir que celui de charmer un homme, n’est-elle pas surtout la victime de lois stupides ? Va, ne rions pas d’elle. Je vais écrire à Paris et lui faire venir une jolie toilette, qui lui donnera du moins quelques heures de joie.

— Me dirais-tu pourquoi tu ne ressembles pas aux autres, toi ? dit Lucien en regardant sa sœur fixement.

— Je ne sais pas, dit-elle avec un sourire. C’est peut-être que je n’ai pas l’ambition de me marier, grâce à la dure leçon que j’ai reçue. Et puis, nous sommes deux, « ajouta-t-elle en tendant la main à son frère, qui la serra dans ses bras.

Deux jours après, le dimanche, comme d’habitude, la famille Darbault était rassemblée aux Grolles, augmentée de son plus brillant rejeton, Arthur Darbault, lequel, après un long séjour chez le duc de Paramolan, venait passer chez son père les derniers jours des vacances.

La présence de ce jeune homme remplissait la fa-