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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/204

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peu d’embarras, vous êtes souffrant, je crois, et vous avez l’habitude de garder votre chapeau. Remettez-le, je vous prie. »

Louis refusa ; mais, comprenant qu’il devait expliquer ce changement de conduite, il balbutia que ses maux de tête étaient capricieux et l’obligeaient maintenant, au contraire, à ne pas se couvrir.

« Ma foi ! tant mieux, dit Lucien ; car cela vous sied à merveille. La coiffure est une invention stupide ; elle ôte à la figure toute grâce et toute noblesse. Puisque le front de l’homme, a-t-on dit, est fait pour contempler le ciel, il ne l’est pas pour vivre enseveli sous un feutre. Il me semble que les gens habituellement coiffés doivent être moins accessibles que les autres aux influences extérieures. Cela crée l’ombre autour de leurs perceptions. Voyez nos paysans ; ne sont-ils pas presque tous entêtés et routiniers ?

— Tu vas si loin, dit Cécile en riant, que tu oublies ton point de départ. M. de Pontvigail, tout récemment, se couvrait la tête, et cependant il n’est pas routinier.

« C’est juste, dit Lucien ; » mais il sourit en même temps avec une secrète malice.

Louis comprit sa pensée.

« Monsieur parlait aussi d’entêtement, » observa-t-il.

Un peu confus de trouver son hôte plus avisé qu’il ne le pensait, Lucien de nouveau s’excusa.

« Non, monsieur, ma sœur vous l’a dit, j’avais entièrement oublié le point de départ de mes remarques.