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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/214

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y a dans vos yeux de la bonté pour tout ce qui souffre. Il y a plus encore ; déjà, à vous seule, vous m’êtes une révélation. Ai-je mal vu les choses ? Suis-je un insensé ? Faut-il espérer encore ? C’est une âme avide de vérité qui vous implore. Daignez m’excuser, et croire au profond respect et au dévouement ardent de votre très-humble serviteur.

Louis de Pontvigail.

« P. S. Si vous étiez assez généreuse pour me répondre, n’adressez point votre lettre aux Saulées ; car, bien que ce soit le toit où je suis forcé d’abriter ma tête, ce n’est pour moi qu’un lieu ennemi. Demain soir, ou le lendemain, j’enverrai savoir s’il peut m’être permis d’espérer une lettre de vous. »

En voyant de qui venait cette lettre, dès les premières lignes, Cécile eut un saisissement de cœur. Après l’avoir lue, elle la plia lentement, et, la serrant dans sa main, elle demeura pensive, les yeux fixés à terre. Elle était très-émue, se voyant investie d’un pouvoir solennel, d’un droit de vie et de mort sur cet homme ; car, elle ne pouvait s’y tromper, c’était une déclaration d’amour, bien étrange, mais bien sérieuse. Il lui remettait son âme entre les mains, et une adoration presque fanatique s’exhalait de chaque parole qu’il lui adressait. Elle en était saisie au fond de l’âme et pénétrée d’une sorte de terreur.

Éprouvait-elle cependant un regret décidé qu’il en fût ainsi ? Non, peut-être. Tout d’abord, elle avait été prise d’un vif intérêt pour ce protestant,