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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/240

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Il se tut de nouveau. Ils arrivaient à la maison. Tout à coup Louis demanda :

« Vous plaisez-vous ici ?

— Beaucoup, répondit-elle.

— Vous n’avez pas cependant l’intention de vous y fixer ?

À travers les ombres du crépuscule, son regard anxieux, attaché sur Cécile, attendait une réponse.

« Je ne sais vraiment, dit-elle. Tout dépendra des décisions de mon frère à cet égard. »

Louis ne répondit pas. Ils étaient près de la porte d’entrée, et Cécile jugeait convenable que M. de Pontvigail la quittât ; mais il ne semblait point y songer.

« Si vous étiez moins solitaire, dit-elle enfin, je vous demanderais le secret sur ma promenade. Il y a fête ce soir chez M. Darbault, et je n’ai pu me dispenser d’y assister que sous le prétexte d’une foulure. Obligé de faire acte de présence pour nous deux, mon frère a la bonté d’affirmer en ce moment que je ne saurais bouger d’un fauteuil.

— Quoi ! vous aussi vous détestez le monde ! s’écria-t-il avec une explosion de joie.

— Je ne le déteste point… Il m’attire peu, voilà tout.

— Et cependant vous y remporteriez tous les hommages, tous les triomphes, poursuivit-il avec le même feu. Et vous les dédaignez ! Ah ! vous êtes supérieure à tout ! vous êtes au-dessus des lois de ce monde, où l’imperfection règne !…

— Monsieur de Pontvigail, dit Cécile d’un ton sévère, je vous en prie de nouveau, pas de ces exagé-