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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/245

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belle ouvrière, et surveillant son ouvrage de fort près.

Le collégien, en rougissant de dépit, se leva, et Rose laissa voir un peu d’embarras.

« Ma sœur vous attendait aujourd’hui, Rose, » dit Lucien.

Et ces simples mots étaient accompagnés d’un regard si plein de reproches et de colère, que la jeune fille baissa les yeux en balbutiant :

« Ce n’est pas ma faute ; je ne pouvais pas.

— Vous ne pouviez pas ! Pourquoi ?

— Je vous dirai ça plus tard, répondit-elle.

— C’est donc un secret ? » reprit Lucien.

Et il regarda Marius qui ne bougea pas.

« Savez-vous, ma belle, dit le collégien en se rasseyant près de Rose, que Lucien n’a pas l’air de bonne humeur ce matin. Que lui avez-vous donc fait ?

— C’est vrai, il n’est pas toujours aimable, dit la jeune fille en lançant à son amant un regard mêlé de tendresse et de reproche.

— Et moi, Marius, dit Lucien, je trouve que vous prenez avec Mlle Rose des façons d’ancien régime qui ne sont pas convenables. On ne s’assied pas si près d’une jeune fille et on ne l’appelle pas ma belle comme cela. Puisque Mlle Rose a la timidité de ne pas vous le dire, permettez-moi de vous en faire l’observation.

— Je ne le vous permets nullement ! s’écria Marius en devenant écarlate ; ceci ne regarde que Mlle Rose, et je vous trouve fort impertinent de vous mêler ainsi de ses affaires et des miennes. »