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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/246

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Une vive colère se peignit sur les traits de Lucien, et il fit un pas en avant, comme pour jeter son cousin à la porte ; cependant, il s’arrêta. Rose avait éloigné sa chaise de celle de Marius, mais le collégien, pensant qu’il était de son honneur de ne point avoir le dessous, se rapprocha en disant :

« Voyons, mademoiselle Rose, il ne faut pas avoir peur des jaloux. Vous étiez tout à l’heure bien plus aimable pour moi, quand nous étions seuls.

— Marius ! s’écria Lucien, qui ne pouvait plus contenir sa colère, mademoiselle vient d’exprimer sa volonté, vous la respecterez.

— Je répète que cela ne vous regarde pas, » cria le collégien à son tour.

Malgré les supplications de Rose, une lutte peut-être allait avoir lieu, quand Lilia, dont la chambre se trouvait au-dessus de la salle à manger, effrayée par l’accent des voix, se hâta de descendre, sans achever sa toilette, et entra au moment où Lucien, exaspéré par les provocations de Marius, n’était plus maître de lui.

« Eh bien ! messieurs, qu’y a-t-il ? s’écria-t-elle en entrant. C’est ainsi que vous vous conduisez chez moi !

— Pardon, ma cousine, dit Lucien ; mais votre frère m’insulte, et j’ai eu le tort d’oublier qu’il n’est qu’un enfant.

— Vous ne serez pas un homme si vous ne me rendez raison ! s’écria Marius, saisi de rage à ce mot.

— Tu es fou » lui dit sa sœur, et elle essaya de le raisonner ; mais, voyant bien qu’elle n’en viendrait