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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/251

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— Je l’espère ! j’en suis sûr, » dit Lucien.

La conversation, ainsi entamée, passa du général au particulier, et le jeune homme se laissa aller vis-à-vis de sa cousine à mille confidences, qu’il n’osait trop faire à sa sœur, et où le charme si grand pour les amoureux de parler de leur amour le retint longtemps. Lilia l’écoutait avec une indulgence quasi maternelle et répondait par des réflexions qui témoignaient toutes d’une secrète souffrance.

Elle poussa la bonté jusqu’à conduire Lucien près de Rose ; mais les allées et venues de la bonne, qui préparait le déjeuner, empêchèrent toute conversation suivie entre les deux amants et leur confidente, et Lucien, s’apercevant enfin que l’heure du déjeuner de sa sœur était sonnée, s’arracha de ce lieu pour courir aux Grolles. En quittant Lilia, qui vint le reconduire dans le corridor :

« Vous êtes si bonne pour moi, lui dit-il, que vous voudrez bien me permettre de revenir dans trois jours d’ici ?

— Dans trois jours ?… Ah ! j’y suis. Eh bien, revenez ; mais on vous gâte. Que va-t-on penser de moi ? »

Il lui baisa de nouveau la main dans le transport de sa reconnaissance, et ne comprit pas comment une action si simple pouvait subitement faire éclore tant de roses sur les joues de Lilia. Il était charmé d’elle et se disait en marchant :

« Vraiment, je ne croyais pas, avec son petit air timide et rêveur, qu’elle pût être si gracieuse et si bonne. »