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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/285

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certains bipèdes. Le lendemain, Cécile, allant visiter Argus à la ferme, y rencontra Louis de Pontvigail.

En apprenant que l’insistance de son frère était la cause du malheur d’Argus et d’une scène dont l’impression se lisait encore sur les traits dévastés de Louis, Cécile éprouva de vifs regrets. Elle exigea qu’Argus fût transporté chez elle. C’était y installer Louis, qui, occupé de soigner son chien, ne le quittait guère ; mais elle l’entendait bien ainsi. Louis n’avait-il pas besoin d’être aidé et consolé ?

Devinant combien la situation de son ami devait être pénible désormais chez son père, Cécile s’efforça même de le retenir à dîner chaque soir, afin qu’il pût ne rentrer aux Saulées que lorsque le sommeil et le silence y régneraient. Elle pressentait quel serrement de cœur Louis devait éprouver en approchant de ce toit maudit.

Quelle était maintenant l’attitude de ce père et de ce fils en face l’un de l’autre ? Cécile ne le savait ; mais, en voyant Louis sombre, énervé, souffrant, elle ressentait pour lui des angoisses profondes. Elle pensait maintenant à lui, comme si elle eût été chargée de le rendre heureux et que sa destinée lui eût été remise. Et qui donc en effet s’occupait de lui ? N’était-il pas trop seul et trop abandonné ? Elle s’en inquiétait donc, et beaucoup, et se demandait mille choses, sur lesquelles pourtant elle n’osait le questionner.

Ses inquiétudes, malheureusement, n’avaient rien de chimérique. Louis, n’entrant désormais aux Saulées que furtivement et lorsqu’il était sûr de l’absence de son père, trouvant après neuf heures la