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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/284

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Mais Louis, au paroxysme de l’indignation et du mépris, souriait.

« Bien, dit-il, bien ; tuez-moi, comme vous avez assassiné mon enfant et sa mère ! »

Le bras de M. de Pontvigail s’abaissa, et l’on entendit un gémissement. Argus, qui s’était jeté à la gorge du père de son maître, venait de tomber écrasé.

Au milieu des vociférations de Gothon et des imprécations du vieillard, qui s’écriait que son fils, n’osant le frapper lui-même, le faisait étrangler par son chien, Louis ne s’occupa que d’Argus. Il prit dans ses bras la pauvre bête, sortit de la maison, traversa la prairie, et s’efforça de gravir le coteau par le sentier qui menait aux Grolles.

Mais à mi-côte ses forces le trahirent, et il fut obligé de s’asseoir, sans toutefois lâcher l’animal, dont les yeux à demi fermés lançaient à son maître des regards mourants. Louis n’osait abandonner ce fidèle ami, craignant de le retrouver mort à son retour, et de lui imposer des secousses trop douloureuses en le posant par terre et en revenant le faire enlever. Il reprit donc sa marche, et, après d’énergiques efforts, il arriva enfin, épuisé de fatigue et trempé de sueur, au but de sa course.

Mais quand il entra chez Cécile, car c’était à elle qu’il voulait confier Argus, elle venait de sortir, et Doucette ne sut que répondre. Louis remit donc son chien aux soins de la fermière, et courut chez M. Delfons. On a vu que le bon docteur avait consenti à soigner l’ami de son ami, trouvant peut-être que cette âme fidèle et dévouée valait bien celle de