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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/291

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la table du riche ? Essayons-nous de les initier à d’autres grandeurs ? Et ceux de nos livres qui tombent dans leurs mains, leur parlent-ils d’autre chose que de vie facile, élégante, et d’oisiveté dorée ? Enfin même, y a-t-il plus de véritable idéal dans les classes dites élevées que dans ce pauvre peuple amoureux de clinquant ? Ici et là, n’est-ce pas la même recherche des joies vaniteuses, le même faux orgueil ? Tenez, en songeant à cela, j’ai honte de m’être moquée, et je vais aller consoler Doucette. »

Comme elle passait devant Louis, il saisit et serra sa main en lui jetant un regard qu’elle emporta dans son cœur.

L’idéal véritable, il semblait de plus en plus à Cécile qu’elle le possédait. L’union de deux âmes sincères, en vue de la justice, dans l’amour, n’était-ce pas le but et le bonheur de la vie ? Elle se sentait donc heureuse et confiante. La vie lui semblait désormais légère à porter, et son attachement et sa confiance, grandissant chaque jour, l’élevaient au-dessus de toute inquiétude.

Quel charme l’attirait donc vers cet homme, de beaucoup plus âgé qu’elle et peu fait pour plaire au premier abord ? C’était la jeunesse intérieure qu’il avait gardée, la passion qu’il avait dans l’âme. Si calme qu’elle fût, Cécile en était fascinée, car elle avait au cœur la source, jusque-là dormante, des hautes exaltations. Maintenant, elle se l’avouait, être aimée d’un tel cœur, c’était un bonheur plein d’orgueil ; le rendre heureux après tant de désespoir, c’était un bonheur bien plus grand encore.

Lorsque Cécile redescendit, prête à servir elle-