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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/292

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même le déjeuner, à la place de la bonne honteuse et pleurante, elle trouva Louis qui se préparait à partir, comme il faisait habituellement dès que l’heure des repas était arrivée.

« Où allez-vous ? » lui demanda-t-elle de ce ton d’autorité que l’on prend avec ceux dont on possède le cœur.

Il balbutia une réponse évasive.

« Je veux savoir où vous déjeunez, reprit Cécile, puisque vous refusez toujours de rester avec nous. Voyons, vous n’avez pas le droit de me tromper. Vous n’allez pas aux Saulées.

— Non, dit-il.

— Alors, où allez-vous donc ?

— Dans le bois, » murmura Louis, non sans confusion, mais reconnaissant, en effet, qu’il n’avait pas le droit de mentir à Cécile.

D’un geste et d’une expression plus forts que toute parole, elle lui saisit la main, l’entraîna vers la table et l’y fit asseoir près d’elle.

Alors, accoudée et gracieusement penchée vers lui, d’une voix où la tendresse l’emportait sur l’accent du reproche :

« Et c’est ainsi, dit-elle, que vous traitez mon ami !

— Je ne puis pourtant, répondit-il plein de trouble, abuser tous les jours de votre hospitalité. J’aimerais mieux vivre de racines désormais que d’aller m’asseoir à la table de mon père ; eh bien, il est impossible…

— Il est impossible que vous restiez dans une telle situation, interrompit Lucien. Vous avez de