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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/293

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toute nécessité un parti à prendre, et puisque vous ne pouvez vivre avec votre père, je ne vois qu’une chose à faire, c’est d’exiger de lui ce qui vous appartient.

— Il me répugne, répondit Louis, d’attaquer les dernières volontés de ma mère, bien que, assurément, elles aient été contraintes. J’ai honte, d’autre part, de ne pouvoir me suffire à moi-même, et je rêverais plutôt une utilité… Mais, n’étant pas habitué au travail de la terre, que puis-je faire ici ? Je ne veux pas quitter le pays, du moins maintenant, » ajouta-t-il ; en même temps il rougit.

« Mon cher ami, reprit Lucien, trouver une fonction quand on ne s’est pas d’avance, et de bonne heure, enrégimenté dans quelque carrière, c’est le hasard à poursuivre et, dans le cas le plus favorable, des années d’attente. Cherchez, soit ; mais procurez-vous les moyens d’attendre. Ne pouvez-vous, sans intenter un procès à votre père, l’amener à un arrangement ?

— Ne réclamez pas votre propriété, dit Cécile, mais seulement une rente ; il y consentira mieux. »

Quelques jours plus tard, leurs instances, secondées par la force des choses, triomphaient des répugnances de Louis, et, sous les yeux de ses amis, il écrivait cette lettre à son père :

« Monsieur,

« La vie commune est impossible entre nous ; vous devez le reconnaître. Je l’ai supportée aussi longtemps que je l’ai pu. Je me suis laissé dépouil-