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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/302

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causèrent seuls longtemps, et l’on vit que Mariette avait pleuré.

La fin d’octobre et le commencement de novembre eurent cette année-là des jours d’une adorable beauté, dont nos amis jouirent en avares. Ils s’en alaient ensemble dans les chemins ou par les sentiers, se réchauffant aux derniers rayons, contemplant avec une sorte de tendresse la nature aussi belle dans sa langueur que dans sa force, et caressant du regard çà et là mille grâces éparses : une fleur oubliée, un éclatant rameau qui se parait pour mourir, et la ronce qui jetait sur les haies, ou dans l’herbe, de vives guirlandes d’un rouge pourpré. Autour d’eux, feuillages, herbes, fleurs, lumière, tout revêtait cette grâce languissante qui semble dire : « Je m’en vais, » mais avec un sourire et dans la volupté du sommeil ; car ceux-là meurent avec confiance.

Pour Louis et Cécile, ces promenades étaient pleines de joies qu’aucun observateur n’aurait pu deviner. Pensifs ou causeurs tour à tour, ils laissaient le hasard de leurs pas les diriger, et n’avaient d’autre but que d’être ensemble. C’étaient des attentions mutuelles, des regards échangés, un même sentiment des choses, le mouvement activant la pensée, qui s’épanchait en quelques mots aussitôt compris ; le bonheur de marcher parfois au bras l’un de l’autre dans les mêmes sentiers ; par-dessus tout le sens intime de leur tendresse, qui partout les accompagnait, mais qui grandissait encore au milieu de ces harmonies.

Le front de Louis, autrefois chargé de soupçon