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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/303

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et de tristesse, n’était plus le même, et rien qu’à le voir éclairé maintenant de confiance et de douces lueurs, Cécile se trouvait heureuse. Ils jouissaient de leur bonheur d’une manière bien plus complète que ne le font en général les amants, tourmentés par ce désir des biens à venir qui ne laisse l’homme en repos dans aucune joie. Louis, dans son humilité, se trouvait comblé par la moindre preuve de l’affection de Cécile, et, pour elle, voyant qu’il était heureux, et pressentant autour de leur union mille difficultés pénibles, elle ne désirait que de voir se prolonger leur intimité actuelle.

Par un des jours les plus brillants de cette charmante et courte période appelée l’été de la Saint-Martin, Lucien, accompagné de Louis, de sa sœur et de Lilia, avait porté son chevalet au sein d’une des prairies cachées dans les replis des coteaux de l’Ysette. C’était un site charmant, découvert par lui dans une de ses courses, et qu’il se hâtait de peindre.

Étroite, longue et sinueuse, cette prairie formait comme un ermitage de verdure au milieu des bois qui l’entouraient de toutes parts, excepté du côté de la rivière ; par là, elle débouchait sur d’autres prés, où l’on voyait des saules bizarrement tordus s’enfuir le long des ruisseaux. En face de cette issue, fermant l’horizon, s’élevait le coteau de l’autre rive, presque droit et tout hérissé de chênes et de hêtres, derrière lesquels descendait le soleil couchant, après avoir empli de feux et de splendeurs ce coin solitaire.

Assis au bout de la prairie, Lucien, attentif, posait