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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/318

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Louis ne voyait qu’une seule chose à faire pour contenter l’opinion, se retirer ! Et sa sœur chérie, qui aimait ce malheureux fou, allait être victime de sa bizarrerie. Ah ! ce pays leur était funeste ! Il fallait le quitter au plus vite, il le fallait ! Mais quelle souffrance pour Cécile et… pour lui-même… !

Dès qu’il parut, le visage altéré, devant Lilia, la jeune femme, en lui prenant la main, s’écria :

« Qu’avez-vous, Lucien ? Mon Dieu ! cher Lucien, vous souffrez ?

— Oui, dit-il en se jetant sur le canapé, où, tout anxieuse, elle se plaça près de lui. Oui, c’est une nécessité ; ma sœur et moi nous devons au plus tôt quitter le pays.

— Partir ! vous voulez partir ! Vous m’abandonnez ! »

Elle se renversa en arrière, le désespoir peint sur ses traits. D’un mouvement plus prompt que la pensée, le jeune homme la saisit dans ses bras et la pressa fortement sur son cœur. Lilia, rouvrant les yeux, attacha sur Lucien un regard passionné, et, lui jetant les bras autour du cou, elle fondit en larmes.

« Oh ! oui, je t’aime ! lui dit-elle ; je t’aime, et je suis bien malheureuse ! »

Il couvrit de baisers le visage de la jeune femme, répondait à son aveu par des paroles passionnées, quand on entendit le bout d’un petit pied frapper à la porte et une main maladroite agita le pêne. Les deux amants se séparèrent en hâte. Jeanne entra et courut aussitôt vers sa mère, qui, avec un mélange d’impatience et de confusion, la repoussa.