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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/319

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La petite alors se tourna vers Lucien, grimpa sur ses genoux, et, passant elle aussi les bras autour de son cou, lui fit sa question habituelle :

« Quand m’emmèneras-tu chez tante Cécile ? »

Ce frais contact fut comme un charme qui subitement dégrisa Lucien. Il se leva, avec l’enfant dans les bras, et se mit à marcher ainsi dans la chambre, répondant avec distraction aux questions de Jeanne. Tout à coup, la posant par terre un peu brusquement, il la chargea d’une commission, referma la porte sur elle, et, revenant vers Lilia, qui, la tête dans ses mains, pleurait silencieusement :

« Lilia, nous avons été fous tout à l’heure, et nous étions en effet bien malheureux, car nous marchions droit à un crime. Votre enfant est venue représenter ici l’honnête homme que nous avions oublié, son père. Maintenant, plus que jamais, je dois partir. »

La jeune femme avait découvert son visage en pleurs, et le regardait stupéfaite.

« Ah ! Lucien ! oui, vous avez raison. Mais je n’ai pas, moi, tant de courage. Attendez ; laissez-moi trouver la force de renoncer à vous voir.

— Non, dit-il ; c’est maintenant ou jamais.

— Ah ! vous ne m’aimez pas ! s’écria-t-elle en joignant les mains avec désespoir.

— Lilia, je vous aime… et bien plus que vous ne voulez être aimée. Tenez, il faut que je vous dise toute la vérité, puisque j’en trouve le courage. Ce n’est jamais sans remords que j’ai cédé au charme qui m’entraînait vers vous, et, si j’y ai cédé, c’est que je vous aimais peu. Non, Lilia, ce n’est