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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/320

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pas un véritable amour que nous avons l’un pour l’autre. Ce n’est pas un amour vrai, celui qui poursuit dans le mal la honte et l’abaissement d’un être qu’il souille d’égoïstes caresses. L’amour vrai ne songe qu’à placer au plus haut des cieux, dans la paix et dans l’honneur, celle à qui l’on peut dire : Je me donne à toi, moi et tout ce qui est à moi ! Si je vous avais réellement aimée, Lilia, je vous aurais dit : Vous poursuivez un idéal faux ; il y a sur terre d’autres joies que la rêverie et l’ivresse des premières amours ; vous avez goûté celles-ci en leur temps ; maintenant vous en avez d’autres : les saintes et joyeuses peines du travail et de la maternité, le bonheur le plus élevé de ce monde, celui d’être utile. Mais non ; je vous voyais négliger votre enfant pour moi, et j’y consentais ; c’était pour moi toutes vos pensées, tous vos soins, les plus tendres caresses de votre cœur ; tandis que votre mari, ce digne et brave travailleur qui mérite plus que moi votre amour, après une longue et laborieuse journée passée à faire du bien, ne trouvait chez lui le soir qu’un gîte froid et silencieux. Oui, je vous aurais rappelé votre devoir, Lilia, si je vous avais aimée. Mais non, vous me rendiez mon trésor perdu, l’amour ; vous fermiez de vos lèvres ma blessure, et je savourais cela comme un lâche. Je vous demande pardon, chère Lilia, de mon égoïsme ; je vous remercie de tant de généreuse bonté que vous avez eue pour moi ; ne pleurez plus et surtout ne m’accusez pas, car, je le jure, c’est maintenant que je vous aime. »

Il plia le genou devant elle et lui dit adieu, sans