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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/334

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Il répondit :

« Peut-être ; nous verrons. »

Mais il refusa de s’engager davantage.

Lucien alors, impatient, alléguant l’heure, pria sa sœur de remonter, et la porta presque dans la voiture ; puis, s’y élançant lui-même, il prit les rênes et fouetta le cheval. Sous leurs pieds, Argus, qui venait aussi de recevoir la dernière caresse de son maître, s’agitait et poussait des hurlements sourds et plaintifs.

« Arrête ! cria tout à coup Cécile à son frère, arrête, je le veux ! »

Lucien regarda sa sœur elle était blanche comme une morte, et son front semblait éclater de résolution.

« Cécile, murmura-t-il, au nom de notre père, je t’en prie !…

— Il va se tuer ! » dit-elle d’un ton sec et rapide. Et saisissant les rênes, elle arrêta elle-même, poussa du pied la portière et sauta par terre. Argus s’élança après elle, et Lucien, désespéré, les suivit, laissant à Mariette le soin du cheval.

Cécile courut jusqu’à l’endroit où elle avait quitté Louis, et là sembla demander à Argus le chemin qu’il fallait suivre. Celui-ci ayant pris sans hésiter le sentier du bois, le frère et la sœur s’y engagèrent après lui.

« Cécile, s’écriait Lucien désolé, tu te perds follement pour cet homme ! Il ne t’aime pas comme tu crois. Maintenant il rentre chez lui, sans doute. Iras-tu donc jusque-là ? Mais, je te le déclare, je ne t’y suivrai pas. »