Aller au contenu

Page:Leo - L Ideal au village.pdf/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout cela était déjà bien mesquin, et il fallait en outre que ce fût mauvais. Elle dépréciait chaque plat tour à tour, et les compliments sincères de ses hôtes pouvaient à peine trouver place au milieu de ces doléances. La table cependant était couverte avec profusion. À l’arrivée du rôti, flanqué de quatre nouveaux plats, qui relevaient le premier service. Lucien et Cécile, suffisamment autorisés à donner leur avis, se récrièrent, ce qui parut enfin satisfaire Mme Darbault. Au dessert, qui était splendide et dont la composition, méditée par Agathe, fut vérifiée conforme aux lois de la symétrie, la conversation s’anima, et Lucien excita la plus vive admiration en se livrant à sa verve parisienne. Il fit de son voyage, le moins accidenté du monde pourtant, un récit pittoresque. Marius, Agathe, et Lilia surtout, semblaient suspendus à ses lèvres, et la petite fille elle-même, bien qu’elle ne comprît qu’à moitié, riait de tout son cœur.

Lucien n’eut garde d’oublier la rencontre que Cécile avait faite dans le bois, près de la route, et en émailla le récit d’une foule de plaisanteries sur le caractère présumé des indigènes de Loubans. L’attention fut au plus haut point excitée par cet incident local, et chacun s’évertua à chercher quel pouvait être le compatriote qui se rapprochait du portrait fantastique tracé par Lucien ; on en était même arrivé à la certitude que l’inconnu en question devait être quelque aventurier de passage, quand Cécile prit la parole :

Avant de vous dépeindre l’homme que j’ai rencontré dans le bois, dit-elle en souriant, Lu-