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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/43

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cien a négligé de vous prévenir qu’il ne l’avait pas vu. »

On éclata de rire, et Cécile fut à son tour questionnée.

« C’est, dit-elle, un homme de taille moyenne, vêtu d’une redingote et d’un pantalon bruns, et portant un fusil et une carnassière. Il a la figure brune, maigre, colorée, des yeux noirs, le regard ardent, les cheveux noirs, et…

— C’est Louis de Pontvigail, interrompit M. Delfons, le mari de Lilia.

— Et, reprit la jeune fille, sous son chapeau de paille se voit, au-dessous du front, une ligne noire qui semble un bandeau.

— C’est M. Louis de Pontvigail ! s’écria-t-on de toutes parts.

— Ma chère, vous avez mis la main du premier coup sur le plus grand original du pays.

— Un maniaque !

— Un ours !

— Un homme tout à fait ridicule ! dit Agathe du bout des lèvres.

— Eh bien ! dit le docteur, car M. Delfons était médecin, Louis de Pontvigail, si vous le voulez, est tout cela ; mais c’est un homme qui a cependant de la valeur. Ce qu’il a d’excentrique vient d’une extrême sensibilité.

— Allons donc, mon gendre, s’écria M. Darbault, votre Pontvigail est un cerveau fêlé ! Me direz-vous, par exemple, pourquoi il se promène toute l’année avec son fusil et sa carnassière, sans jamais tirer aucun gibier ?