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Page:Leo - La guerre sociale, 1871.djvu/26

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avoir d’égalité sans liberté, ni de liberté sans égalité. L’une implique l’autre absolument. Creusez l’un des deux termes et vous trouvez l’autre au fond.

— Si vous jouissez d’avantages, que je ne puis obtenir moi-même et qui me sont nécessaires, si je ne suis pas votre égal, vous êtes mon bienfaiteur ou mon maître. Je ne suis pas libre.

— Si l’égalité décrétée par vous, offense ma conscience, ordonne de mes goûts, tue mes initiatives, je ne suis pas libre ; vous êtes mon pape et mon roi.

Être libre, c’est être en possession de tous les moyens de se développer selon sa nature. Si cette liberté est la vôtre — et n’est-elle pas juste et vraie ? — nous nous entendons ; car c’est justement notre égalité ; et nous n’avons plus qu’à chercher ensemble les mesures par lesquelles la société humaine réalisera ce but légitime, normal.

Eh bien, oui, dût cette opinion, ou du moins cet espoir — car on ne fait rien sans une espérance, si faible soit-elle, — dût-elle paraître à beaucoup une naïveté ; je crois qu’il serait facile d’élaborer, sur le terrain des principes de la Révolution, un traité d’alliance, un programme commun à tous les démocrates sincères, programme au bout duquel toute liberté serait laissée à chacun de s’arrêter ou de poursuivre sa route. Il y faudrait seulement une bonne volonté vraie ; l’étude sérieuse des questions, à la lumière des principes ; au lieu de la critique âpre, et toujours un peu personnelle, qui grossit les malentendus, la recherche des points de rapport. Il faudrait employer à élaborer l’idée et à la répandre, le temps et les moyens qu’on perd à se dénigrer, à se combattre et à dépopula-