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Page:Leo - La guerre sociale, 1871.djvu/25

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employés, d’un touchant accord, à fusiller, à incarcérer, à décréter et à budgéter en bons frères. — Parce que ces gens-là ont une foi ; une foi inébranlable et profonde. Le comte de Chambord, le comte de Paris, le Bonaparte, ce sont leurs saints ; mais au-dessus de leurs saints, ils ont un Dieu, le Privilège, et sur son autel ils sacrifient leurs ressentiments et leurs divisions.

C’est là leur force ; et ils l’auront toujours, tant qu’elle ne sera pas détruite par une plus grande force contraire ; car, en cas pareil, ils feront toujours ainsi.

Pourquoi les démocrates agissent-ils différemment ? C’est ce qui fait leur faiblesse.

Parce qu’ils n’ont pas une même foi ; ni une foi profonde. Parce qu’ils sont divisés en une infinité de petites chapelles, plus monarchiques qu’elles ne veulent en avoir l’air, et surtout en deux grandes sectes, qui adorent l’une la liberté, l’autre l’égalité.

Ce qui est au fond comme serait un combat entre les partisans de la Vierge d’Atocha et ceux de la Vierge de Lorette ; car la liberté et l’égalité sont un seul et même Dieu en deux personnes.

Notre dogme à nous vient du Sinaï de la grande Révolution, grande, parce qu’elle fut révélatrice, grande, beaucoup moins par ce qu’elle a fait que par ce qu’elle a dit. Qui se prétend démocrate, date sa naissance de la Déclaration des droits de l’homme. Aucun assurément ne la rejette, et ce sont même les libéraux qui parlent le plus 1789. Eh bien, que dit-elle ? — « Libres et égaux. »

Et elle ne pouvait pas dire autrement ; car, du moment où le droit, le droit nouveau qui va renouveler le monde, est fondé sur la simple qualité d’homme, il ne peut y