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Page:Leo - La guerre sociale, 1871.djvu/5

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la vérité. Étant si coupable, on a beaucoup accusé. On a beaucoup crié, pour empêcher d’entendre. Depuis quatre mois, pendant les deux premiers mois surtout, la calomnie a coulé à pleins bords, de toutes ces feuilles venimeuses, qui marquent d’infamie les causes qu’elles embrassent. Et les autres, prises de peur, sous la terreur qui régnait, ont lâchement, sans examen, répété ces accusations, ces calomnies. On a flétri du nom d’assassins les assassinés, de voleurs les volés, de bourreaux les victimes.

Je sais ce qu’on peut dire contre la Commune. Plus que personne, j’ai déploré, j’ai maudit l’aveuglement de ces hommes — je parle de la majorité — dont la stupide incapacité a perdu la plus belle cause. Quelle souffrance, jour à jour, à la voir périr ! Mais aujourd’hui, ce ressentiment expire dans la pitié. Ces torts de la Commune, depuis Mai, j’ai besoin de les rappeler à ma mémoire. Un tel débordement de crimes a passé sur eux qu’on ne les voit plus. Une telle débauche d’infamies a succédé à ces fautes, qu’elles sont devenues honorables en comparaison.

Permettez-moi, pour répondre aux doutes qui existent probablement à ce sujet dans beaucoup d’esprits, de mettre en regard, le plus succinctement possible ; les actes des deux partis. Car il s’agit pour vous à mon sens, de prendre parti dans ce drame terrible, qui n’est pas fini, qui ne finira pas de longtemps, et qui n’admet pas de neutres. Vous ne pouvez pas vous appeler la Ligue de la paix et de la liberté, et demeurer indifférents à ces massacres, à ces violences.