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Page:Leo - La guerre sociale, 1871.djvu/4

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guerre et de leur folie s’était propagé rapidement jusque dans le peuple, et ce sentiment fut pour beaucoup dans la stupéfaction, dans l’indignation, que causa en France la déclaration de guerre du 15 juillet. On peut le dire avec certitude, et vous le reconnaissez : les guerres, faussement appelées nationales, ne sont que des guerres monarchiques. La guerre et la monarchie se tiennent ; elles vivent et mourront ensemble. Votre ligue est républicaine. Sur ce point vous n’hésitez pas, et votre œuvre est définie, aussi bien que votre action.

Mais il est une autre guerre, à laquelle vous n’aviez pas songé, et qui dépasse l’autre de beaucoup en ravages et en frénésie. Je parle de la guerre civile.

Elle existe en France depuis 1848 ; mais beaucoup s’obstinaient à ne pas la voir. Aujourd’hui, quel sourd n’a entendu les canons de Paris et de Versailles ? Et ces fusillades dans les parcs, dans les cimetières, dans les terrains vagues, et dans les villages autour de Paris ? — Quel aveugle n’a vu ces charretées de cadavres qu’on transportait, le jour d’abord, puis la nuit ; ces prisonniers, hommes, femmes, enfants, que l’on conduisait à la mort par centaines, sous les feux de peloton ou les mitrailleuses ? Et ces longues files de malheureux, défaits, déchirés, que l’on insultait, que l’on crossait, que l’on courbait à genoux, à la honte de l’humanité, sur le chemin de Versailles ? Qui n’entend dans son cœur (à moins de n’en pas avoir) le cri de ces 40, 000, transportés sans jugement, entassés depuis quatre mois, six mois, dans les pontons de nos ports.

On a répandu sur ces horreurs, comme des voiles, tous les mots que la langue prête aux rhéteurs pour combattre