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Page:Leo - Soeur Sainte-Rose.djvu/27

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contrant sous ses yeux l’image de la mère divinisée, qui, souriante sous son voile, soutenait son poupon d’un bras triomphant. Ah ! sainte Vierge, vous aimez bien aussi votre enfant, vous ! Ce n’est donc point un péché…

Elle pleura encore, pria encore et sortit, bien inquiète de ce qui s’était passé pendant son absence. Au seuil de la chapelle, elle rencontra une sœur qui la venait chercher.

— Venez donc, sœur Sainte-Rose, venez vite. Ces petits drôles nous font enrager, et il parait qu’il n’y a que vous qui puissiez en avoir raison.

La jeune sœur courut au réfectoire, où, par dessus les cris des enfants, se faisait entendre la voix grondeuse du docteur.

— Ah ! vous voilà ! dit-il brusquement ; vous auriez dû mieux choisir votre temps pour des prières. Ces enfants sont ahuris ; je ne sais pas ce qu’on leur a fait : la mère attend… Ce sera probablement la dernière visite, et vous allez les lui montrer dans un bel état ! Ce n’est pas tout que soigner le corps, vous le savez bien. Il ne faudrait pourtant pas expédier trop durement cette pauvre âme dans l’autre monde.

Sœur Sainte-Rose ne répondit pas ; elle serrait contre son cœur la petite fille, qui était accourue à sa rencontre, et elle venait de s’emparer de Jean, qui s’était jeté dans ses bras avec transport. Ils avaient tous deux les yeux rouges, la figure gonflée, le cœur palpitant, et l’on voyait une des joues de Joséphine couverte d’une rougeur ardente.

— Ce sont de vrais démons, cria la sœur Angélique, elle-même toute échauffée, les